jeudi 10 novembre 2011

September


Oh september what did you take from us ?
I should be resting on your clouds
Relying up on my man's arms
I knew I should be a nun
Somekind of person I could sum
To get the nothings done
And the dreams come back as one

Instead I get trapped into a lazy drink
A peak of deceiving, non minding blink
I tell off you to strangers to keep close
To your loneliness I give away my clothes


Note : Je pourrais mourir pour racheter des pêchés ou bien pour revenir hanter deux trois apparts, ou alors pour me réincarner en coccinelle. Choisir ou pas choisir c'est parfois la question. (Livre de la mégalomaniaque culpabisée, déconseillé aux insomniaques, dépressifs, hyperactifs, rêveurs qui ont perdu leur doudou)

lundi 18 juillet 2011

Cilda in horrorland - 7 et fin


 « nononon on a plus de robes de toute façon, il va falloir que vous quittiez la boutique madame ? » Par quelle réflexe insensée m'ignorent-ils ? Je crie « et elle alors elle est pas dans son état normal non plus, elle attends un bébé, vous trouvez ça... ! » Quelle réflexion stupide, maintenant ils on juste l'air encore plus choqués. Un des jumeaux marmonne dans sa barbe, enfin, histoire de dire, il est rasé : « a des gens ils rentrent comme ça on sait pas pourquoi – casser les couilles » Du coup l'autre me prend le bras et m’amène vers la porte. Il tombe à pic, mon envie de rester s'est sensiblement ternie. Il est plus costaud que moi et les mecs qui n'ont pas consciences de ça ne doivent pas en avoir beaucoup, de conscience. Alors j'écoute encore un instant la femme enceinte insister sur les robes à fleurs et l'autre vendeur lui faire de fermes signes de tête en murmurant des non non non formés avec ses lèvres grises. Je franchis la porte et remonte des escaliers, puis la lumière se rapproche les ronrons des moteurs arrivent à mes oreilles. L'autre me lâche et revient à l'intérieur, ayant visiblement à traiter avec un client plus sérieux .
Une des deux bactéries qui semblent avoir quitté le troupeau s'arrête et me déclare solennellement : « mais non faut pas aller dans cette boutique maléfique voyons, tout le monde sait que ça a mal tourné pour eux. »
« Ah oui ? Et comment vous pourriez savoir ça que je leur réponds, vous êtes en ville depuis hier seulement... Il n'y pas besoin d'être en ville depuis longtemps pour ça, suffit d'avoir les bon wuffies. » Et puis elles se mettent à rigoler franchement, et celle qui a des yeux continue à s'esclaffer autour d'elle. Le van gris du hippie est garé là en face. "Vous auriez pas vu Peter je leur demande, je me demande si il lui est pas arrivé quelque chose à la fin. Non pas que je le cherchais vraiment, mais là c'est vraiment le bordel y a pas à dire".
Les hippies ne répondent pas. Leurs habits sont tout gris à force de s'être roulés dans la poussière. Ils sont réunis en silence en face d'un grand caddie remplis de bouteilles de verre vide, Vodka tempura, Rhum eternum et bière à fière, tous là entassés en monceaux sous leurs visages décomposé. Gaz, le gros gardien du van ne parle pas souvent sauf quand il chante tiens les yeux baissés, juste devant le monticule en verre, sur le sol, comme si de juste toucher des yeux ces ordures aller leur donner la vie. Un grand silence est autour d'eux, trop grand comme le lever du soleil qui n'aurait pas du se produire et rend tout si cruel et délavé. L'un d'eux, un pas grand sur la gauche me voit arriver. Il dit « Cilda ! On t'attendais il faut vraiment que tu nous aide » « qu'est-ce qui se passe les gars ? Vous êtes tombés dans la javel ou quoi » « Tu devrais pas dire des choses pareilles » deux autres mecs du groupe se sont rapprochés de la porte du van et maintenant Gaz me regarde vraiment. « Tu devrais partir, ça sert à rien de regarder le malheur des gens, tu crois que tu va vraiment trouver un truc ici ? » Je suis très embarrassée, je pense à lui expliquer que je ne les ai croisés que quelques fois, je pouvais pas savoir qu'ils avaient des problèmes, en fait je ne savais même pas qu'ils étaient à Paris en ce moment. Mais je n'ai pas le temps de dire toutes ces conneries devant un cadavre. Ils sortent Charlie du van, chacun de ses bras désarticulés sur les épaules des autres. Mais oui, ce fameux Charlie, vachement marrant, même si il avait toujours des poussières au milieu de ses yeux. Il est tout désarticulé à présent. Je ne vais rien pouvoir faire pour ça moi. Charlie, je savais qu'il s'en demandait trop aussi, j'ai essayé de lui dire j'ai envie de crier. J'ai oublié ce buvard dans ma poche.
Mais on a tous essayé de lui dire, il me hurle à la face, Peter. Le chat est noir sur le banc et il passe sa patte sur le tranchant d'une bouteille cassée.

mercredi 13 juillet 2011

Cilda in horrorland - 6



Descendre la rue avant toute chose, de toute façon il y a des probabilités non négligeables que les lieux aient changé de … localisation. Très bien, je reconnais cette sculpture en forme de tête barbue au premier étage. Je monte les escaliers, encore eux, c'est toujours ça de gagné pour les mollets. Jusqu'à l'étage trois et demi, entre les deux ascenseurs. Je dois être en retard. Sûrement, le soleil est haut, même si il est ridiculement petit. Il se tiens plié derrière son stéthoscope, il est arrivé avant moi. Je me méprends, ceci est un instrument qui sert à regarder les petites bactéries. Le télescope, mais dans l'autre sens. J'ai encore faim, c'est pas possible. Frigo, tupperware, encore eux. Je m'attends bien à trouver une créature aquatique là dedans en retirant le couvercle, un peu curieuse, jugeant quand bien même l'affaire répugnante. Phosphorescence. Une lumière tamise comme la rivière monte vers le plafond. Ces expériences sont sans fin... Un petit barracuda qui souffle un faisceau entre ses dents pointues. La radioactivité du Japon à des milliers, ou plus, percent la terre jusque ce poisson. Nick fronce les sourcils il me fait signe d'approcher de la lunette, je n'ai pas d'autre choix que de lui obéir. J'examine ainsi que je l'ai appris les petites bactéries, quoique prisonnières dans leur cercle de verre. Et puis il me mordille l'oreille en signe de reconnaissance et me laisse partir. Je regarde mon téléphone pour relever les messages, c'est bon il est en mode suicide, le chat me rue dans les pattes, je suis tranquille. Ma route se poursuit, mais rien ne cours derrière moi, c'est déjà ça, le lobe me pince un peu.
La rue des fripes est en pente douce les entrées y sont de plus en plus larges. La décoration y a été refaite, que des murs en pierre, j'entre dans un véritable musée. La musique a été coupée en petits morceaux, on y trouve plus plus les chansons de la fille aux cheveux ailes de corbeau, juste le bruit de dehors, très atténué, des grincements de poussettes et de téléphones qui sonnent ou vibrent. « Mais où avez vous fichtre rangé les robes ? » je leur demande, perchée entre les portants de jeans et de T shirts unitaille et et tous verdâtres, bleuâtres, des cendres éteintes enfin. Les deux vendeurs sont jumeaux, mais enfin il me semble n'en avoir vu qu'un la dernière fois, visiblement ma question leur paraît déplacée. Une dame enceinte apparaît entre les voûtes le menton en avant. Et puis je tire sur ma chemise jaune pour essayer de cacher mes talons hauts et arranger mon col. Je ne suis pas assortie aux parois cela me perturbe en quelque sorte. Elle a l'air pressée, prend cinq minutes pour chercher le trésor ou quelque chose qui fera office. Alors elle demande à moi et aux autres. « Où sont les robes » « oui vous savez les robes à pois à fleurs à rayures à carreaux avec des fleurs dessus ? De grandes fleurs oranges avec de longues tiges et puis aussi des petites bleues ? » Elle vient juste de décrire la robe que je cherchais depuis le début. Un moment je m'inquiète qu'elle la trouve avant moi, les jumeaux prennent un air effaré, moralement réprimé, vérifiant par coups d’œils derrière eux pour voir si quelqu'un a entendu.

samedi 9 juillet 2011

Cilda in horrorland - 5


Je suis les angles et mon nez et les angles de mon nez vers la colline qu'on voit dans ma fenêtre. Des bactéries géantes dévalent et le feu est en train de mourir. Leurs petites jambes toutes souples pédalent pédalent, tant et tant qu'il semblent glisser ou alors ils pourraient ramper en mode chenilles aux pattes. Je plisse les yeux mais même le feu mourant fait trop de lumière. Ils sont deux par deux, avec eux aussi de grands yeux, mais de petits sourires idiot fendus en émotion kawaï. L'un dans le bras de l'autre, l'un au dessus qui guide l'autre à grands coups de signes des mains et l'autre qui roule le tout sur la route : la force et le petit malin. Un violet et un vert pomme. Parfois il se mettent à se bastonner un peu, quand ils ne sont pas d'accord, et repartent avec leur deal. Je les regarde un moment, et puis je me dis que je vais les suivre un peu. De toute façon j'ai rien d'autre à faire, en attendant de savoir quel Pierre et quel Nick cave sont différents l'un de l'autre.
Ça m' étonnerais quand même que je me transforme en l'un d'eux. Mais ils me laissent marcher autour et puis longer les murs parce que quand même ils sont tellement absorbés par le fait d'essayer de trouver leur route au milieu de ce joyeux bordel. J'ai peur de déranger, bien sûr leur mission qu'elle qu'elle soit. Pauvres bactéries, je soupire. Je me souviens qu'avant, c'était peut-être des gens qui dansaient en haut de la montagne, avec nous. Je me demande où ils sont passés d'ailleurs, mes potes de la nuit dernière, pourquoi je n'ai même pas encore sommeil, il faut dire que les nuits et les jours se succèdent de plus en plus rapidement par ici. Je projette de me rendre aux fripes. Au moins je pourrais changer cette vieille paire de blue jeans dégueulasses que je me traîne et j'ai troué la nuit dernière. Et aussi vérifier que les fripes sont toujours là. Je demande mon chemin aux grandes paires de bestioles. Celle qui est verte, une du dessus me montre le bas de la rue sur ma gauche.
Les caniveaux qui longent mes pas tremblants de fatigue sont remplis d'un brillant fluide orangé. Je me met à crier « ça alors les mecs vous avez vu, des pépites d'or, juste là » mais les marcheurs qui vaquent, parlent du fin fond d'une langue qui ressemble à du Bulgarien, sans doute déjà mis au fait depuis plus longtemps. Moi qui croyais que c'était les rues du paradis qui étaient pavées d'or, mais visiblement, c'est un peu plus compliqué à Paris. A Paris, les passants sont tous des étrangers, mais presque, tout le monde sait ça me dit un type anglais en skateboard. Je ferais peut-être plutôt aller au travail voir ce bon vieux Nick, ce genre d'obligation est parfois assez salvateur.

mercredi 29 juin 2011

Cilda in horrorland - 4


Elles courent pour s'échapper semble-t-il, mais non, elles finissent pas faire un cercle tout autour de moi. Finalement elles sont sympa, avec leur petit bruit de larsen de guitare qu'elle triballent dans leur défilé chaotique.

La dalle. J'ouvre le frigo, suivie sagement par la bande de petites fourmis-cafards pour choper un truc à bouffer. Une boite de restes, qui peut être mangé froid. Chouette, parfait. J'ouvre le couvercle en plastique. Un poisson, de l'exacte taille de la boite me fixe d'un œil terne et suppliant. Il souffle, longtemps, et crève. Il a du bouffer tout ce qu'il y avait dans la boîte... Bon, poubelle. La poubelle du monde. Je me souviens, un ex qui me disais ça. « la plus belle du monde » et à chaque fois j'entendais, la poubelle du monde. Je me marre toute seule. Je prend le poisson et puis je reviens vers mon lit. Je vais bouffer ce putain de poisson, j'ai que ça et mon ventre fait des vagues.

Le chat noir est sur ma couverture, il m'a suivie ou il m'a trouvée ? Aucune idée. Peut-être que sa machine à téléporter connaît mon adresse à cause du PC. Le poisson a un goût un peu avarié, même si il vient de mourir, c'est peut-être à cause de ce qu'il a mangé. Le chat me lèche les doigts et s'énerve tout seul, lick lick lick grounch grouch, mordille mordille. C'est dégeulasse. C'est pas lui qui va me trouver un plan pour ma soirée en plus. Je lèche les arrêtes, et dans ma tête je n'arrive pas à oublier le non-regard de ce poisson en train de mourir. On dirait qu'il essaye de me dire un truc genre « fais gaffe aux boîtes ». Mais pourquoi à la fin me dirait-il un truc pareil ? C'est quand même pratique les boîtes. Peut-être qu'il veut me dire, ne va pas en boîte ? Je jette les restes aux insectes, au moins y en a qui sont heureux. Bêtement, mais contents d'emporter des os mous de poisson dans leur sillage. Et puis, ils vont construire leur petite forteresse en os dans les fissures de mon mur. Des civilisation se lèvent et tombent ici à cause de ce que je jette sur mon plancher en lino.

Je suis les angles et mon nez vers la colline qu'on voit dans ma fenêtre. Des bactéries géantes dévalent et le feu est en train de mourir. Leurs petites jambes toutes souples pédalent pédalent, tant et tant qu'il semblent gliesser ou alors ils glissent vraiment. Je plisse les yeux mais même le feu mourant fait trop de lumière. Ils sont deux par deux, avec eux aussi de grands yeux, mais de petits sourires idiot kawaï. L'un dans le bras de l'autre, l'un au dessus qui guide l'autre à grands coups de signes des mains et l'autre qui pédale sur ses pattes : la force et le petit malin. Un violet et un vert pomme. Parfois il se mettent à se bastonner un peu, quand ils ne sont pas d'accord. Je les regarde un moment, et puis je me dis que je vais les suivre un peu. De toute façon j'ai rien d'autre à faire, en attendant de savoir quel Pierre et quel Nick cave sont différents l'un de l'autre.

jeudi 16 juin 2011

Cilda in horrorland - 3

Alors on monte tout droit dans la garrigue. Pierre s'accroche aux herbes qui poussent à l’horizontale comme les aiguilles d'un hérisson géant. En haut il y a un feu. Tous droit vers le ciel. Une bande de gitans s'agitent en cercles tout autour du brasier rouge. Je suppose qu'il n'y a plus que ça à faire, danser, yeah, yeah. Danser et s'en foutre des regards brûlants. C'est pas parce que ces regards là sont chauffés à la racine qu'on va se découper les uns les autres, pas vrai ? Leurs vêtements flottent, démesurés, et leur cheveux aussi. Toujours trop courts où trop long. Ils agitent des objets, chacun le leur, décoré de lambeaux et de rubans de couleurs tiédies par les flammes

Je sais pas combien de temps je suis restée là à danser. Le grand feu fait une lumière digne de celle du jour. Alors nous descendons la colline. Les garçons me prennent la main et puis on court comme des dératés jusqu'en bas. Tout le monde hurle dans une chorale canine à la lune. On est au moins 500 là à crier comme des idiots, et j'hésite entre rigoler et pleurer. Alors je hurle encore.

Et puis, je rentre chez moi. Seule en me chantant une chanson que j'ai dans la tête. « old rub alcohol » « if men and wine don't kill me ». Je jette mes affaires dans l'entrée, j'ai vachement chaud. Je vais à la salle de bain, pour me laver la face chifonnée toute collante, boueuse de tout ce que j'ai couru dansé et tant d'autres choses. Je guette mon reflet pour voir si je suis bien là. Ça gratte, je pose mes ongles sur la surface, et puis je lui dit, c'est ouf!
« je suis en train d'écrire un truc de malade et j'ai un flash genre j'ai déjà écrit ça. Et dans mon flash je te le disais. Non mais c'est vraiment ouf! Hahaha »
Mais attends, ça démange très fort là dans la poitrine. Je vais pour mettre mes ongles au milieu, et des tas de petites bestioles en sortent. Ah ouais j'ai déjà lu ça, délire très mince, que les gens bourrés ils voient des petites bêtes qui leur sortent de la poitrine. Ou alors c'est quand ils sont pas assez bourrés je sais plus. Je repense à ces meufs qui dans les films se mettent à paniquer et à se rouler par terre.

mardi 14 juin 2011

Cilda in horrorland - 2


Le type allume son joint qu'il a roulé très vite et me fixe d'un coup dans les yeux. Il lui ressemble, c'est à crever. En plus jeune sans les crevasses. « Ouais je sais, moi aussi je bosse pour lui » avec un sourire de gentil dément. Il me tend le joint. « Vas-y, c'est pour oublier ta souris ». « Oui de toute façon elle avait un gratouillement horrible la nuit et elle sentait pas bon. J'ai essayé de la faire mourir de faim mais ça a pas marché ».

Je fume un peu, je me lève, rejoindre mes compagnes de danse. Mon boulot, c'est ça ici. Sinon je m'endors. Je trouve un vieux pote qui vient de picardie, tiens il a pris un sacré coup de vieux lui par contre. Genre hippie décrépi le pantalon troué. « Yeah, celebration days » il hurle à qui mieux mieux. « Yeah great balls of fire on the kaledeoscopic eyed hills » je lui fais. En parlant de hill, on fait une fête de lever du jour sur la colline à la chapelle. Tu viens on y va. Là ? yes, on y va. J'attrape le jeune Nick Cave au passage. Il me répond qu'il s'appelle Pierre en fait.

On fonce vers les couloirs noirs du métro crade. Il se mettent carrément à marcher sur les rails. Non mais ça va pas non ? Allez quoi. Je ramasse un vieux fond de wisky à côté des banc. Ho dieu, ce que je hais le wisky. Et la pub que dessus des bancs, exactement le genre de truc qui me fait bader le soir quand je rentre du bureau. « Essayez, c'est réussir ». Mon dieu ils nous prennent vraiment pour des cons. Bon, je suppose que cette fin de bouteille où dieu sait qui a collé ses lèvre va me réchauffer et enfin me faire prendre goût à ce truc de mec. Je rejoint les autre sur les rails. Whaou les pompes il gueulent. Ah ouais tiens, mes ballerines sont devenues de plateforme boots rouges. Excellant pour l'isolation électrique, même si un peu exagérées. Ils sont morts de rire. Ben allez y si vous êtes si malins, je leur file la bouteille. Ils sortent des bouts de papier de leur poches, non ça va ils disent on a nos trips à nous. J'en prend un pour plus tard, on sait jamais. Et go, on s'enfonce et on suit le petites lumière jaunes du tunnel.

On grimpe la colline. Le soir tombe. Tiens toute à l'heure déjà... le soir pourrait tomber pour toujours là. C'est peu être la faute de lumières du métro. Peut-être que les souris du métro sont l'allumeur de réverbère du petit prince. Ouais super, ce vieux truc tout pourri qu'ils on récité au mariage de ma tante. « apprivoiser ». On apprivoise pas les souris du métro.

lundi 13 juin 2011

Cilda in horrorland - 1

Cilda est une plus si jeune fille que ça maintenant et elle travaille tous les matins. Ce soir elle sait qu'elle a deux réunions le lendemain, mais elle a décidé de danser. On ne sait pas si c'est pour ses compagnons de fête dont elle a oublié la moitié des noms, elle bondit avec une grâce entraînante et gênante essayant de faire pardonner son enthousiasme excessif. Interrompant un pas pour se mettre le doigt sur la bouche, elle se souvient qu'elle a ammené Wolf, sa souris qu'elle affame, comme distraction pour les invités et ceux qui ne le sont pas. Elle quitte la piste et entreprend de faire le tour de la pièce, nouvel appartement de la grand mère décédée d'une amie connue pour sa gaîté innocente et sa préservation farouche de la survivance du monde de l'enfance dans le monde angoissé des jeunes adultes. Des bibelot désuets, nouvellement poussiéreux-le ménage n'est pas le fort d'Alexandra, la maîtresse de maison, et on peut prédire un avenir dégradé à ces lieux. Des chouettes en bois, des chats en porcelaine, des cadres de merde c'est quoi ce truc déjà où on coud par dessus des trames de couleur avec du fil de couleur en coton ? Bref, il y a des oiseaux en papier dans ces cadres. Des qui penchent la tête sur le côté, d'autres qui replient leur ailes en revenant d'un long vol, d'autre fixant fièrement le vide devant eux. Mais où cette putain de souris à la fin ? Elle est idiote et blanche et même si elle la hait, elle refuse de l'avoir perdue. En plein désespoir et prenant le risque d'exposer son cul, elle se penche pour regarder sous le canapé. Un type essaye de l'aider. Et merde ! Elle voit Wolf la tête les pattes avant dépasser du bord du sofa, au fond. Ah ben voilà, écrabouillé. J'espère qu'il va pas rester là à pourrir jusque ça sente mauvais le sang qui a coulé comment déjà à sécher. Le tête qui tourne, maudit martini. Elle s'écroule sur le dit canapé. Le type s'assoit à côté d'elle et entreprend de confectionner un gros joint. Elle le regarde. Il a le front haut et le cou allongé, les membres osseux, sans être vraiment maigre. « Tu fais quoi dans la vie ? » Mon dieu, toujours la même question . « Je bosse pour Nick Cave, je suis son assistante. C'est un patron de merde : il est hypocondriaque et maniaque. » Oh tiens, le chat de Alexandra, faust, bébé et noir est en face de moi depuis tout ce temps. Quelle immobilité, comme si il se télétransportait d'un endroit à l'autre de la pièce. « Hier il s'est mis derrière moi alors que je faisais des devis de traitement pour le diabète et il m'a fait glisser ses mains sur les côtés de mon dos en me murmurant de me tenir droite. J'ai eu envie qu'il me prenne, e,fin je m'en rends compte maintenant, mais non il gardait sa contenance. Il est super super flippant, mais j'arrive pas à démissionner. Ma fierté je suppose. »

dimanche 8 mai 2011

Level 5 - partie 5 - niveau 2/2 et fin

Je savais bien que je te reverrais. Te fout pas de moi, tu vois partout. Ah ouais c'est pas faux.
Mais quand je suis avec toi je n'arrive pas à dire les bons mots, ils sont tous pour toi. C'est pour ça que nous devons nous battre me dit-il avec son air de défi des premiers jours. C'est évident. Et la guerre c'est quoi ? On se bat déjà pas assez ? Fais pas comme si tu n'étais pas diablement en colère contre toute cette connerie. Tu crois qu'on peut gagner une guerre quand c'est la guerre qu'on combat ? Tu n'as pas oublié, certains y arrivent, mais nous, les premiers rêveurs, nous ne pourrons jamais nous laisser derrière nous sans tout casser sur notre passage. Alors quoi tu veux te battre ? Vraiment ? Ça pourrait durer longtemps. Et c'est ça qui te fais peur ? Ouais, exactement. Tu crois que ce serait du temps perdu pour sauver ça ?
Il me montre les abeilles de soie qui dansent en cercles se faisant et se défaisant, avec des sourires carnassiers. Ils savent que cette trêve ne rendra le combat que plus terrible, mais ils préfèrent autant oublier. Certains tombent dans un sommeil paradoxal et se mettent en boucle pour faire des rêves. D'autres surbrillent jusqu'à s'en faire péter les néons. On ne peut plus ni les regarder ni les ignorer. La soie se déchire et les plis tombent toujours bien, à cause de la qualité du tissus.
Partons, dis-je. Nous avons du travail.
Je lui reprends la main, en essayant vainement de me convaincre que c'est moi qui ai pris la décision. Quand nous arrivons, il referme la grande porte à deux battants sur moi. Eh bien, tu t'es fait un nid royal, lui dis-je. Je l'attends à ce qu'il dise « c'est pour mieux t'y enfermer mon enfant » Mais l'humour a déjà duré plus que cela ne nous est autorisé dans le filet. Il est du genre à garder quelques interdits sous le coude. La salle est bardée d'écrans à la place des tissus. Des mirroirs noirs , remplis de tout ce qu'on ne voudrait pas y voir. Je me souviens de mon rêve.
Comment es-tu devenu le maître de cette ruche ? Mais je connais la réponse. Il m'attire sur le lit. Je fixe les écrans et me plonge dedans. Je vais sûrement ressentir du plaisir. Mais le plaisir existe-t-il dans le filet ? Oui m'assures-t-il. Les flash des pires éventrements que j'ai jamais eu à prodiguer me prennent la gorge. Je vole à en perdre l'haleine mais il me tient. Je veux l'emporter avec moi, nous faire nous envoler de toute cette merde, même si je sais qu'elle doit venir avec nous. Mais il me serre. Sa bouche remonte vers ma bouche et puis. Une douleur atroce me réveille d'un seul fracas. Ma hanche est brisée. Mon autre hanche. En miettes. Je hurle, je mets mes bras autour de moi. Je le regarde, je sais que mes yeux sont ridiculement écarquillés. C'est que ce n'est plus lui. Ou si vraiment lui. J'ai mal à en crever mais je sais qu'il le faut. C'est ainsi que cette putain de guerre pourra cesser. Mes hanches s'élargissent, ma tête ploie, ma mâchoire s’agrandit. Ma peau se cabme, durcit et sèche en même temps, et s'épaissit. Ce n'est pas fondamentalement désagréable, cette sensation piquante de nouveauté. Il prends le couleur désaturés des cieux, on peut presque voir au travers de lui. Mon ami. Mon rival. Il me chuchote des berceuses, celles qui attaquent, qui parlent des peurs fort pour les pousser à s'envoler. Et je m'en fout, d'être ce que suis. C'est je suis cette créature c'est que je l'ai cherché et que le grand tout est ainsi. Détruire le jeu, en créer un autre, partir, quitter celui qui m'a mordu pour mordre moi aussi. Niveau 5. Découper, faire trembler la terre du filet d'effroi, surtout. Alors je souffre mille des plaisirs les plus purs et avance dans l'immensité de la nuit su désert. Une troupe est là, et je ne sais où elle me mènera. Partie du grand tout, décidée à casser tout. Même eux, encore. Et moi, beaucoup aussi.

dimanche 1 mai 2011

Level 5 - partie 5 - niveau 1/2


Les nouvelles du réel arrivent en flash spécial. Nous arrêtons brutalement notre marche. La dernière fois que nous avons reçu ce genre d'émission, c'est au moment de passage au niveau 3 lorsque nous, les soldats, avons appris que noue ne pourrions jamais plus rentrer chez nous. Le présentateur dans un costume gris argent coupé selon une mode qui nous est étrangère annonce : « Le mouvement anti filet a atteind une ampleur jamais égalée. La jeune génération est horrifiée par l'atrophie des enveloppes corporelle des joueurs parfois survivant au sein de leur famille. Leur organisation a enflé dans la rue pour commencer. Mais récemment une enquête a mis au jour un vaste réseau de hackers qui se connectent au jeu pour leur injecter des virus » Pas besoin d'en écouter plus, je regarde les autres. Les mutants, la fin du jeu. Que nous importe la destruction de notre monde si nous ne pouvons jamais en sortir. Ces bouffons, ils ne se doutent même pas de ce que ça peut faire.
Nous voilà, après toute cette route, au milieu d'une absurdité sans nom. Pire que les héolims. Pire que que toutes les étoiles qui pourraient t'exploser dans la face. C'est une vieille citadelle de bois et de pierre, sculptés en entrelacement chaotiques. Aucun garde, aucune menace à l'horizon. Aucune vie non plus. Et puis voilà des abeilles, un peu différentes, certes. Des femmes en robes de soie et de satin. Les murs sont tendus de cette matière lisse. Je reconnais des gens, mais je pourrais connaître tout les monde ou personne ça ne changerait pas grand chose. Je mate leurs rêves toutes les nuits. Ils sont comme des anges dans la public d'un grand Opéra, venus voir d'autres anges. Mais ils n'en sont pas. Alors je le sens. Parce que il centre l'attraction. Les anges me distraient et me tendent des pièges. Deux d'entre elles essayent de me faire croire que elle ont emmenés mes coéquipiers. Elles veulent m'embaucher dans une nouvelle équipe. Tout changer. Mes wuffies ont atteins un niveau indécent, un gonflement de connections remplies de ces choses qui circulent. Mais le coins de ma perception est retenu comme si on le tirait par un fil. Le mien, il m'aspire. Mais il n'est nulle part. Je danse, je suis un homme une femme un animal, je donne tout, car il n'est pas loin. Et je dois le suivre. Alors j'accepte, les autres, leur dessein, leur motif, leur soie et la mienne, ma soif et leur faim. Et enfin il se trouve il patiente depuis cent ans, dans un coin, il sait bien que je vais venir. Il est jeune et très vieux, il a un nom, un nom que je prononce sans cesse en silence. Un visage blanc qui renferme une caverne, un corps de racine qui pointe vers le ciel. Une épaule de dracula baladin sur laquelle je tombe, que je tire et que je mords alors qu'il encercle mon poignet. J'ai oublié qu'ici j'étais un homme. La raideur de mon corps se rappelle à moi alors qu'il lutte contre la fonte du sien. Nous allons devoir nous battre, encore. Alors je prends sa main, il passe devant moi et ses doigts sont comme des aiguilles qui remontent jusque dans le creux de mon dos.

Level 5 - partie 4

Les nouvelles du réel arrivent en flash spécial. Nous arrêtons brutalement notre marche. La dernière fois que nous avons reçu ce genre d'émission, c'est au moment de passage au niveau 3 lorsque nous, les soldats, avons appris que noue ne pourrions jamais plus rentrer chez nous. Le présentateur dans un costume gris argent coupé selon une mode qui nous est étrangère annonce : « Le mouvement anti filet a atteind une ampleur jamais égalée. La jeune génération est horrifiée par l'atrophie des enveloppes corporelle des joueurs parfois survivant au sein de leur famille. Leur organisation a enflé dans la rue pour commencer. Mais récemment une enquête a mis au jour un vaste réseau de hackers qui se connectent au jeu pour leur injecter des virus » Pas besoin d'en écouter plus, je regarde les autres. Les mutants, la fin du jeu. Que nous importe la destruction de notre monde si nous ne pouvons jamais en sortir. Ces bouffons, ils ne se doutent même pas de ce que ça peut faire.

Nous voilà, après toute cette route, au milieu d'une absurdité sans nom. Pire que les héolims. Pire que que toutes les étoiles qui pourraient t'exploser dans la face. C'est une vieille citadelle de bois et de pierre, sculptés en entrelacement chaotiques. Aucun garde, aucune menace à l'horizon. Aucune vie non plus. Et puis voilà des abeilles, un peu différentes, certes. Des femmes en robes de soie et de satin. Les murs sont tendus de cette matière lisse. Je reconnais des gens, mais je pourrais connaître tout les monde ou personne ça ne changerait pas grand chose. Je mate leurs rêves toutes les nuits. Ils sont comme des anges dans la public d'un grand Opéra, venus voir d'autres anges. Mais ils n'en sont pas. Alors je le sens. Parce que il centre l'attraction. Les anges me distraient et me tendent des pièges. Deux d'entre elles essayent de me faire croire que elle ont emmenés mes coéquipiers. Elles veulent m'embaucher dans une nouvelle équipe. Tout changer. Mes wuffies ont atteins un niveau indécent, un gonflement de connections remplies de ces choses qui circulent. Mais le coins de ma perception est retenu comme si on le tirait par un fil. Le mien, il m'aspire. Mais il n'est nulle part. Je danse, je suis un homme une femme un animal, je donne tout, car il n'est pas loin. Et je dois le suivre. Alors j'accepte, les autres, leur dessein, leur motif, leur soie et la mienne, ma soif et leur faim. Et enfin il se trouve il patiente depuis cent ans, dans un coin, il sait bien que je vais venir. Il est jeune et très vieux, il a un nom, un nom que je prononce sans cesse en silence. Un visage blanc qui renferme une caverne, un corps de racine qui pointe vers le ciel. Une épaule de dracula baladin sur laquelle je tombe, que je tire et que je mords alors qu'il encercle mon poignet. J'ai oublié qu'ici j'étais un homme. La raideur de mon corps se rappelle à moi alors qu'il lutte contre la fonte du sien. Nous allons devoir nous battre, encore. Alors je prends sa main, il passe devant moi et ses doigts sont comme des aiguilles qui remontent jusque dans le creux de mon dos.

dimanche 24 avril 2011

Level 5 - partie 4

« C'est bien pour nous prendre la tête qu'ils sont passés sans nous mettre de race. Ils n'ont pas d'arme, correction, pas d'arme visible. Et ça ne prouve pas qu'ils ne peuvent pas nous détruire. Mais je sais au fond, je me doute, c'est l'alerte. » Mes wuffies sont d'ailleurs passés d'un niveau spécialement encourageant à un niveau médium. C'est ça qui m'a automatiquement désigné pour prendre la parole, et décrire ce que nous ressentions tous. Je suis surpris du ton clair de ma voix pour dire que nous étions passés au niveau décisif. Niveau 4.
Plus tard, quand je peux enfin reposer ma tête sous la nuit songe tombée sur le bivouac, je ne cesse de repenser à lui. J'ai pourtant fais ma croix sur ce bordel, et ça m'a pris dix ans d'oublier ces premières guerres des cœurs. Dure époque, on dirait un jeux de cure dents sous l'angle du filet.
Putain de guerre. Tous ceux qui voudraient bien jouer à autre chose. Les outcast, ceux qui se connectent une fois de temps en temps et que nous voyons parfois se charger des basses besognes. Mon corps qui doit peser dans les 100 kg maintenant, les muscles atrophiés, pitoyablement alimenté par les injections de la sécu. Me demande comment ils font pour trouver encore les veines. On est pas dupes ici. Si on est restés bloqués comme des cons, les nerds, c'est pour eux, pour qu'ils aient un truc à mater à la télé. 1984 style, la guerre, fumette des peuples, et les peuples, la maille des show bizeux.
Il doivent bien se marrer avec cette histoire de mutant. Et où est il est passé lui ? Je sais qu'il est dans le jeu, encore un homme, lui. J'espère. Il était si beau avec ses cheveux de la longueur de l'antiquité. On oublie pas les premiers coups dans la gueule, surtout si on sait y répondre.
Le filet ne prive pas de la solitude. Si seulement. Elle devient insupportable et puis, moteur pour peu que les autres joueurs, amis ou ennemis, sachent la diriger. Les visage apparaissent et toutes les images sont d'une incomparable clarté, d'une définition bien supérieure à tout ce qui appartient au filet. Les rêves sont consignés dans des blogs vidéos en version compactée, consultables par tous. Les vrais visage des joueurs et leurs incarnations archétypales, le meilleur angle d'attaque du jeu. La musique aussi est dans les rêves, la seule qui puisse être entendue. Des vieux tubes du vrai monde parfois, mais le plus souvent, une synthéphonie suraïgüe qui troue les oreilles à la mesure de l'accélération nécessaire à la mise en ligne qui la rend bourdonnante. Les violences du jeu s'y déchargent et et de déchaînent. Tripes dehors, mutation invalidantes, défigurations d'horreur, flots de fluides malsains. Je poste toujours mes rêves sous un pseudonyme : son nom à lui. Il fait partie de l'autre camp, pas de meilleure couvetture quand je passe mes nuits à baiser et à massacrer mes coéquipiers. Il ne m'a jamais dénoncé, mais je suis sûre qu'il regarde mes rêves.
Cette nuit, c'est lui que je hais, je suis une femme, celle que j'aurais dû être, et je ne le massacre pas. Une armée de mutants nous entourent et exécutent ce qui ressemble pas mal à des geste de masturbation. Leur peau est brillante et glaciale, je me demande en survolant les images comment j'ai pu rester excité dans ces conditions. Son corps à lui, sans doute, long malin et dénoué. D'une force tétanisante, inexorablement entraînante. A chaque pas son halètement entêtant lorsque j'embrasse le haut de son torse et la douceur rêche de sa main qui descend depuis mes épaules, son sexe nourrissant mon ventre, puis tout le reste.
Voilà le matin. Histoire de dire. Dans la chaleur sèche du sable qui use.
On marche, encore encore, on joue le jeu de la patience et compte les points d'endurance. On aide les autres à soigner une piqûre de nasty cactus, une faiblesse des tendons. En avant soldats ! Nous traversons des charniers, des survivants en cours de mutation, avec les même reliefs noirs et blancs que sur le mec que j'ai vu au camp.

mercredi 20 avril 2011

Level 5 - partie 3


Certains membres pourtant confirmés ne se pointent pas malgré la persistance de leur icônes sur le poignet de Joe. Mauvais signe. C'est dans la lumière implacable du grand jour du filet que notre unité improvisée déserte le camp mortifère en direction du grabuge. Je serre fort mon barda contre mon ventre et me souvient d'un temps où j'aurais souffert qu'il fut vide. Mais il va me falloir plus de wuffies. On ne sait jamais si il arrive quelque chose à Joe, on va avoir besoin d'un bon récepteur pour nous guider, ou dans le cas ou je décide de me barrer, on sait jamais. Je demande à Aziz discrètement derrière combien il peut me prêter pour me refaire une santé. Son offre est généreuse et son geste poli et doux, il me touche grandement avant ce départ. Nous marchons dans le temps relatif. De mon côté je laisse la programmation lente pour permettre à mes wuffies de remonter. Au milieu de mes camarades je retouche des connexions perdues. Je rattrape mon retard et commence par redessiner les contours du paysage tragiquement minimaliste qui s'étend devant nous. Les textures des pierres et des buissons se refroidissent et je commence à pouvoir évoluer sans ces putain d'à coups qui ne facilitent pas les choses en cas de combat. J’obtiens même quelques informations sur l'évolution des conflits. L'épidémie, alerte 3 est déclenchée. Jamais nous n'en avons connu de telle depuis le début de cette partie. La plus haute jamais connue. Il va falloir que je parle de ça à l'équipe. Et Dieu sait qu'il n'est jamais bon d'apporter les mauvaises nouvelles.
Je temporise et passe en crew mode. Dans ces cas là nous ne formons plus qu'un bloc compact et dissolu les uns dans les autres. Le système calcule pour nous les les réactions en fonctions des personnalités de chacun, si toutefois il en est besoin d'une. Je m’aperçois que je suis le dernier à les rejoindre. Je suis devenu vieux, moins réactif me dis-je, me reprochant seulement à demi mon accès d'individualisme. Les miettes surexposées du décor se matérialisent dans l'horizon trouble. De grandes masses noires-grises à la définition douteuse se rapprochent bel et bien de notre convoi. Un doute sur ces échanges de regards, ces formes trop souples pour leurs contours abrupts comme fluidifiées de l'intérieur. À tel point que l'énergie leur donne la démarche de briseurs d'air. Notre air poussiéreux assailli de mille intuitions réflexes de méfiance, mise en observation, adrénaline, tension mise en condition de lutte. Repliés en formation de sûreté notre figure est une antique stratégie dont j'ai un peu honte lorsque la horde passe son chemin, visiblement préoccupée par quelque dessein plus important. Mais j'ai bien le temps de sentir leurs pas pousser l'espace et écraser doucement le sol. Fait de membres quasi humains quoique sans saturation leur densité est démusurée sans qu'ils soient épais. De quel joueur malade a pu naître ce concept horrifiant ? Je me surprends à envier ces créatures autant que je les plains et m'en méfie. Comme si je n'avais jamais vu de mutant avant ça. Soulagement pour toute la troupe qui exhale aux cieux violets, place au flot de questions et analyses qui s'engouffrent dans le mini réseau.

Level 5 - partie 2


Je passe prendre Joe à sa tête, lui aussi est déjà prêt. Il se consacre à organiser un minimum notre trajectoire. Après, eh bien , nous verrons bien qui décidera de nous suivre. Il touche avec délicatesse et précision le tactile de son avant bras pour obtenir les mises à jour des cartes. La transmission est lacunaire, certaines données datent d'il y a deux jour, autant dire une éternité vu la vitesse à laquelle la peur a infiltré le camp. Mes wuffies sont totalement à plats, aucune nouvelle de l'extérieur. On le paye par ici de tomber dans l'apathie post traumatique et j'avais été un peu trop loin dernièrement. Joe me propose sa direction. L'ouest. Quelle ironie, jusqu'ici la menace vient toujours de là.
Je rassemble une fois de plus les pitoyabes reliques qui composent ce que les soldats d'antant appelaient leur bardat. Il faut quitter ce lieu nauséabond déjà empli de cris et d'images impossibles. Cette femme accrochée à la jambe de son homme mort depuis deux jours dont la décomposition prendra forcément une tournure virale. Cela me glaçe plus que je ne l'aurait avoué. Sa peau devenue translucide et que quelques heures laissent maintenant apparaître des os noircis dont les excroissances acérées ne présagent rien de bon.
Et ces constantes déflagrations me rappellent à l'ordre. Un ordre qui s'est fait mien par inconscience, par une vision beaucoup trop nette de la tournure de notre fin du monde.
Certains membres pourtant confirmés ne se pointent pas malgré la persistance de leur icônes sur le poignet de Joe. Mauvais signe. C'est dans la lumière implacable du grand jour du filet que notre unité improvisée déserte le camp mortifère en direction du grabuge. Je serre fort mon barda contre mon ventre et me souvient d'un temps où j'aurais souffert qu'il fut vide. Mais il va me falloir plus de wuffies. On ne sait jamais si il arrive quelque chose à Joe, on va avoir besoin d'un bon récepteur pour nous guider, ou dans le cas ou je décide de me barrer, on sait jamais. Je demande à Aziz discrètement derrière combien il peut me prêter pour me refaire une santé. Son offre est généreuse et son geste poli et doux, il me touche grandement avant ce départ. Nous marchons dans le temps relatif. De mon côté je laisse la programmation lente pour permettre à mes wuffies de remonter. Au milieu de mes camarades je retouche des connexions perdues. Je rattrape mon retard et commence par redessiner les contours du paysage tragiquement minimaliste qui s'étend devant nous. Les textures des pierres et des buissons se refroidissent et je commence à pouvoir évoluer sans ces putain d'à coups qui ne facilitent pas les choses en cas de combat. J’obtiens même quelques informations sur l'évolution des conflits. L'épidémie, alerte 3 est déclenchée. Jamais nous n'en avons connu de telle depuis le début de cette partie. La plus haute jamais connue. Il va falloir que je parle de ça à l'équipe. Et Dieu sait qu'il n'est jamais bon d'apporter les mauvaises nouvelles.
Je temporise et passe en crew mode. Dans ces cas là nous ne formons plus qu'un bloc compact et dissolu les uns dans les autres. Le système calcule pour nous les les réactions en fonctions des personnalités de chacun, si toutefois il en est besoin d'une. Je m’aperçois que je suis le dernier à les rejoindre. Je suis devenu vieux, moins réactif me dis-je, me reprochant seulement à demi mon accès d'individualisme. Les miettes surexposées du décor se matérialisent dans l'horizon trouble. De grandes masses noires-grises à la définition douteuse se rapprochent bel et bien de notre convoi. Un doute sur ces échanges de regards, ces formes trop souples pour leurs contours abrupts comme fluidifiées de l'intérieur. À tel point que l'énergie leur donne la démarche de briseurs d'air. Notre air poussiéreux assailli de mille intuitions réflexes de méfiance, mise en observation, adrénaline, tension mise en condition de lutte. Repliés en formation de sûreté notre figure est une antique stratégie dont j'ai un peu honte lorsque la horde passe son chemin, visiblement préoccupée par quelque dessein plus important. Mais j'ai bien le temps de sentir leurs pas pousser l'espace et écraser doucement le sol. Fait de membres quasi humains quoique sans saturation leur densité est démusurée sans qu'ils soient épais. De quel joueur malade a pu naître ce concept horrifiant ? Je me surprends à envier ces créatures autant que je les plains et m'en méfie. Comme si je n'avais jamais vu de mutant avant ça. Soulagement pour toute la troupe qui exhale aux cieux violets, place au flot de questions et analyses qui s'engouffrent dans le mini réseau.

dimanche 17 avril 2011

Level 5 - partie 2

Un jour je vous dirais comment on en est arrivés là mais il faudra arrêter d'essayer de comprendre. S'assoir et écouter sans le bruit des explosions. Si cela ne marche plus, je ne vois pas.
Non mais c'est dingue vraiment, comment tout s'est accéléré pour arriver ici dans ce marasme suspendu. J'avais vingt-deux ans et je n'avais pas vu mon corps régulier depuis cinq ans. Fini tout ça pour au moins un quart de l'humanité. Comme des plantes en végétation, mais pas faites pour la déco.
Je me souviens ma première connexion à l'école, la liberté, la toute puissance le sentiment déjà que c'était ça, pour ça que j'étais là. On se tirait dessus à qui mieux mieux, ah la douce adrénaline dans ces forêts avec les percées de lumière dans les frondaisons où mes parents n'avaient pas l'argent pour m'amener en promenade. Qu'il était bon et juste de se sentir ferme et impitoyable, enfin un homme avec le droit et le pouvoir de tirer droit au but, se consacrer tout entier à sa mission. Nous étions certains de devoir donner naissance à notre nouveau monde avec des batailles, toutes les civilisations viennent de là. Bien sûr.
Je passe prendre Joe à sa tête, lui aussi est déjà prêt. Il se consacre à organiser un minimum notre trajectoire. Après, eh bien , nous verrons bien qui décidera de nous suivre. Il touche avec délicatesse et précision le tactile de son avant bras pour obtenir les mises à jour des cartes. La transmission est lacunaire, certaines données datent d'il y a deux jour, autant dire une éternité vu la vitesse à laquelle la peur a infiltré le camp. Mes wuffies sont totalement à plats, aucune nouvelle de l'extérieur. On le paye par ici de tomber dans l'apathie post traumatique et j'avais été un peu trop loin dernièrement. Joe me propose sa direction. L'ouest. Quelle ironie, jusqu'ici la menace vient toujours de là.
Je rassemble une fois de plus les pitoyabes reliques qui composent ce que les soldats d'antant appelaient leur bardat. Il faut quitter ce lieu nauséabond déjà empli de cris et d'images impossibles. Cette femme accrochée à la jambe de son homme mort depuis deux jours dont la décomposition prendra forcément une tournure virale. Cela me glaçe plus que je ne l'aurait avoué. Sa peau devenue translucide et que quelques heures laissent maintenant apparaître des os noircis dont les excroissances acérées ne présagent rien de bon.
Et ces constantes déflagrations me rappellent à l'ordre. Un ordre qui s'est fait mien par inconscience, par une vision beaucoup trop nette de la tournure de notre fin du monde.

jeudi 14 avril 2011

Level 5 - partie 1






Putain mais comment je me suis retrouvé là encore. Je me dis ça beaucoup trop souvent, vraiment. Là je suis dans une grande tente genre chapiteau carré. Dehors il y a le désert af-ghan et les bombes qui se rapprochent. Je croyais qu'ils ne bombardaient que les villes, bizarre. On dort tous dans des cases séparés par des rideaux. Ça a l'air précaire, en regard à quoi? Je me souviens pas qu'il en fut autrement un jour.
Le jour s'est levé depuis un moment, il temps que nous quittions nos emplacements. Je suis encore tout mou de la nuit et je marche péniblement jusqu'au carré ensablé ou nous avons un petit espace de promenade. Une quinzaine de mètres carrés, ce n'est pas la panacée mais sans eux on deviendrait tous fous. Comme si nous ne l'étions pas encore.
Comme tous les matins, des petites femmes voilées, posées sur des chariots à roulettes surgissent de tous les coins, en armée silencieuse d'abeilles qui s'affairent. Armées de pelles et de serpillières elles virent toute la merde et la montagne de débris qui s'accumulent de façon totalement démesurée chaque nuit dans nos abris. En quelques gestes elle font disparaître le paquet d'immondices puants dans la rigole du milieu. Je ne comprend pas comment on fait tous pour accepter ça avec une vague reconnaissance tout à fait surpassée par notre dégoût. Leur vêtements tous colorés et leurs regards impénétrables, comme les intouchables indiennes elles repartent d'où elles sont venues. D'ailleurs je n'ai aucune idée de où cela peut se trouver, il n'y aurait que le sable.
Je tourne donc en rond, préoccupé par le sort de ces créatures hybrides, pataugeant essayant sans espoir de retrouver mes esprits. Le type que je croise marche sur ses deux jambes, et il n'a pas de torse ni rien de tout le reste supposé se trouver au dessus. Des mutilés de guerre. Il y en a de plus en plus maintenant dans les parages, c'est à cause de leur nouvelle arme en réseau. Les mecs perdent leur présence virtuelle. A moitié quoi. C'est assez troublant quand on croise un autre type qui n'a que le haut, on aurait envie de les associer. Mais bon, on sait toujours qu'ils en n'ont plus pour longtemps. D'ailleurs la poitrine qui remonte l'allée où se situe ma case commence à se tortiller de douleur. Et bam, elle s'écroule dans un nuage.
Par contre les cadavres, ce ne sont pas les femmes qui les nettoient, on doit les sortir nous-même. Aujourd'hui on va pas avoir besoin de le traîner bien loin vu que nous allons devoir déplacer le baraquement très bientôt. Les détonations se font de plus en plus oppressantes en se rapprochant et dans notre hébètement de bêtes traquées je ressens une contrariété, même presque plus de terreur. C'est dégueulasse je me dis. La guerre nous fait vraiment oublier pourquoi on vit. Il n'est plus question de projet ou de but ou de ces idéaux stupides qui nous on menés ici. Il n'y a plus que ça, le sable, le sang et nous tous qui ne parlons presque plus et ne crions que lorsque cela est incontournable, à se demander quoi. Mais je suis pas là pour vous débiter les clichés à la jusqu'au bout de la nuit. Moi c'est pas ma guerre , et elle n'est celle de personne ici, nous ne sommes même pas là.

jeudi 7 avril 2011

Mott inn

Il se produit parfois des évènement dans notre vie que nous avons peine à mesurer à l’instant où ils nous prennent comme dans les bras d’une horloge.

Qu’est que tu deviens, toi quoi de neuf ?
Oh pas de nouvelle fracassante en ce qui me concerne. Et toi ?
Moi heuuuu ouais bien bien, j’essaye de bosser sur mes trucs, enfin c’est pas facile avec les histoires de mecs et tout ça…
Ouaip, en même temps c’est à ça que ça sert
De quoi ?

De toute façon, la musique couvrait leur parole d’un voile laiteux. La tireuse allait bon train. Un groupe de mioche de dix-huit dix neuf ans (il trouvais cela particulièrement réconfortant de les trouver mioches du haut de ses vingt cinq ans) allaient et repartaient avec des pintes cuivrées de bière régulière.

C’était bien le concert d’hier ?
Ah ouais ouais grave cool, ils ont tout déchiré.

Elle se demanda pourquoi là où lui aurait entamé une conversation théorique sur la valeur et les évolutions de la musique amateur Parisienne, qu’il appréciait en ami bienveillant, tout commençais avant de finir par deux bonnes gorgées de mojito.

Maxence bouscula Mathias comme par affection et attrappa une bouteille bleue. Les seuls mouvements définis étaient exercés par les barmen, quoique à cette heure ils avaient encore le temps de ressembler à des clients normaux, de l’autre côté de la barrière.

Hélène arriva toute bouboule dans son manteau de fourrure synthétique à pompom et balança son sac sur un des crochets restants autour du comptoir.

Salut fit-elle avec un sourire fatiguée. Comme toujours la copine de Mathias, (en union libre comme on pourrait le titrer sur Facebook quoique à présent ils soient statufiés en couple) allait rester peu de temps et cela pouvais se percevoir à la façon dont elle n’engageait sa présence que prudemment, à demi.

Elle put voir entrer aussi deux petites Brésiliennes dont l’une persistait à la saluer avec un semblant d’admiration, qui se changea en crainte puis en froideur cachée dès qu’elle se sentit à l’aise. Sanya ou Sonia, elle ne parvenais pas à se souvenir de son prénom, juste du fait que son apparante fragilité lui avait attiré la préférence de Mathias qui la couvait du regard. Elle avait fait son « chemin » trop vite. Elle s’adaptait bien, c’était facile et son aisance à donner le change, à jouer de son orgueil fit croire en trois mois à tous qu’elle avait toujours mené cette vie de sortie et de foule.

Quelquefois, perçait une faille dans son jeu :
« quoiiiiiiiiiiii tu connais pas les hush puppies ? lui demanda d’un air plus amusé qu’outré sa copine Eglantine
ben non en fait je suis pas une fille très branché moi en vrai (son arme favorite dans ce genre de situation) »




dimanche 9 janvier 2011

Le Cureteur à Piston - 9 et fin

Samedi 31 Octobre 2010
Il m'est arrivé un truc incroyable en revenant des débloks aujourd'hui. D'ailleurs je pense que je ne pourrais pas y retourner maintenant c'est sûr. Car toutes mes craintes se sont matérialisées ce soir, sur les bords de ce maudit canal, dans le ciel gris-blanc. Je m'étais arrêtée, et d'ailleurs ce n'est pas mon style. Ces rivages son toujours aussi crades je me lamentais dans mes larmes d'incomprise universelle. Et la nuit commençait à tomber. Un peu tôt 17h30 pour une fin octobre, je me suis dit. Mais bon. Un vol de corneilles s'est alors élzvé ventre sur l'eau morte, battant l'air de leurs ailes, comme des de coups de fouet. Alors, je les suivais du regard. Dans mes pleurs la lumière avait vraiment énormément baissé. Je regardais autour de moi, comme on fait pour chercher un chemin ou un témoin à la réalité? Il n'y avait personne, pas le moindre passant sur les berges ou les trottoirs aussi loin que mes yeux pouvaient exercer leurs pauvres sens limités. Incroyable. Il faisait nuit à présent, nuit noire. Les corneilles repassèrent mais cette fois je ne fis qu'entendre leur sinistre vol. L'obscurité ne dura pas plus d'une minute selon mes souvenirs, peut-être même seulement trente secondes. Je restais ainsi. Consciente que je vivais un moment surnaturel, ou un moment de folie, j'essayais sans succès de déterminerdéterminer lequel des deux pesait sur ma tête depuis ce ciel envahi. Et le vol de corneilles traversa le ciel à nouveau, dans l'autre sens cette fois. Comment diable avaient-elles fait pour passer deux fois dans le même sens pour revenir ensuite, je ne le sais. Et d'ailleurs comment saurais-je qu'elles étaient des corneilles moi, pauvre enfant de la ville inculte du phénomène de la vie appauvrie. La lumière revint par fractions, quartier après quartier alors que je comprenais que je venais d'assister à une banale éclipse solaire. Ce qui me frappe encore cependant c'est pourquoi personne n'avait pu prévoir cet événement? J'ai beau ne pas beaucoup regarder les informations, je croise quand même les titres des kiosques et les bavardages dans les couloirs. D'habitude, les gens se munissent de lunettes de soleil et papier à radiographie médicale pour regarder le soleil de biais. Justin l'aurait fait, sûrement sans filtre, et il m'aurait dit.


Muriel pouvait aussi bien être installée là depuis a nuit de temps. Devant elle la surface du lac se déployait too too calm too too perfect comme dit Verlaine #2. Elle, pensa à l'eau qui dort et continua à grignoter son pique-nique. Justin apparu sur sa droite derrière une petite butte qu'il escalada allègrement et dégringola avec un peu moins d'élégance ce qui fit pouffer la fille. Il fit crisser le sable épais sous ses chaussures de ville.
-Muriel, dieu merci, tu es là!
-Be oui! C'est quoi cette urgence? lui cilla-t-elle.
Justin avait sa tête renfrognée, le regard préoccupé des mauvais jours. Ça le vieillissait dans un froncement de sa bouche de ne pas être pris au sérieux. Il s'agenouilla toutefois auprès d'elle et lui pris la main entre les siennes, pendant qu'elle mâchouillait. Tous les deux laissèrent leurs yeux se reposer sur l'horizon si rare quand on traîne dans les rues de Paris, et là Muriel pensa à la phrase sur regarder dans la même direction.
« Hier soir, c'était un moment très spécial, commença-t-il. On devait faire un truc, tu sais bien, avec Laurine et Charles. »
Il se tourna vers elle, cherchant une approbation. Il ne vit rien qu'un vague sourire flotter sur son visage absorbé pas la contemplation. Elle lui adressa un petit encouragement du menton.
« Bon. Elle avait mis sa longue robe rouge, et elle était magnifique. On l'avait enfin trouvée, donc on allait pas rester comme ça et va savoir pourquoi, c'était à moi d'agir. Elle était toute jeune, assez bien roulée avec la peau toute rêche et elle pleurait beaucoup. Normal, moi aussi j'aurais pleuré à sa place. On l'avait attachée à l'autel que présidait Laurine. Elle était dans son élément celle-là. Plus vivante que jamais. Elle chantait, disposait les objets bien dans l'ordre, sérieusement mais pas sans amusement. Charles la suivait de bon cœur. Ils ne riaient pas mais leur façon de se frôler pendant tout ça avait quelque chose de ça. C'est là qu'on a commencé. D'abord quelques gouttes de sang à boire pour chacun. Tu sais que j'en ai toujours aimé le goût, et là c'est moi qui tenais le couteau. Un beau truc, prêté par JC du mur du Trash up, le manche tout sculpté de feuilles qui entourait un crâne. La gosse hurlait, et on chantait avec elle. On n'avait pas le sentiment d'être dans un monde différent du sien, du moins pas moi à ce moment-là. Puis la vue et le goût du sang ont exercé leur pouvoir enivrant et tout a semblé un peu différent. Comme lorsque on regarde un tableau et que soudain on entre dedans et on peut le voir depuis un angle inconnu. J'étais excité et nous l'étions tous les quatre, en chasse gardée. Laurine passait entre nous en dansant et nous embrassait, puis elle nous dessinait à chacun une croix de sang sur le front. Là elle a fait boire un truc laiteux à la gamine. Deux trois chants et un bon gros pétard après, notre petite victime était beaucoup plus calme. Il faut que tu comprennes à quel point tout était si voluptueux, que je ne pouvais agir autrement! J'ai commencé par les extrémités de son corps tout frêle, à petits coups d'aiguillonneuse, en petite croix de toiles d'araignées sur les mains, les pieds et puis les bras. Elle gémissait dans son demi-sommeil, de façon très sensuelle et moi aussi, je trouvais ça bon. J'attendais de voir luire, à la surface de sa peau, avant d'entailler encore la peau fine qui prenait un goût de ferraille. Charles guidait la danse en tapant sur un tambour, de plus en plus fort et moi aussi j'y suis allé de plus en plus profond. Laurine se léchait les lèvres et nous embrassait encore et encore avec la passion du jeu. C'était à la fois drôle et beau, envahit par la lumière des bougies à travers la fumée de l'encens, la grande robe rouge mouchetée de goutelettes de sang. J'ai retiré les yeux noisette de la petite avec précautions, sans la réveiller. Le cureteur à piston est si facile à l'utilisation, il ne demande presque pas de force. Il suffit de bien diriger son geste et le reste suit tout seul. Ensuite j'ai enlevé son T-shirt et je l'ai posé à côté des yeux tous rouges tournés vers elle, bien rangé, avec le reste. Tout avait un ordre sans qu'aucun de nous n'ait besoin de dire quoi que ce soit. Son ventre était mou et dur. J'ai plongé le cureteur à piston dans son nombril, et là il a fallu exercer une pression plus forte. On peut se douter que c'est comme ça un ventre, je veux dire toi et moi on a vu des films quoi et on en a un chacun de bide. Mais plonger dedans c'est autre chose. Et là j'ai sorti tout ce que j'ai pu de ce nombril, rouge rouge rouge, il n'y avait plus que cela qui comptait. J'étais comme un animal et en même temps je savourais de façon très consciente le dégoût que me procurait la vue des tripes s'extirpant du petit trou que j'avais formé. Je n'en avais plus rien à foutre de ce que vous vous pouviez penser ou ressentir, je me suis senti libre.
Le corps était mort et cependant le chant de Laurine se poursuivait avec emphase. Je baignait dans les débris de ce qui avait été cette fille, découpais déstructurais et séparais les parties rouge rouges rouges avec instinct, il n'y avais plus que ça? Je suis désolé Muriel, vraiment. C'est impossible à comprendre mais je voulais que... voilà quoi, je voulais que tu saches. »
Elle écarquillait les yeux et passa sa main sale dans les cheveux de Justin.,
-C'est impossible, tu racontes bien je dois dire mais je vais pas marcher. Elle laissa passer un vague nuage de silence sans sourire ni le regarder dans les yeux et s'arrêta enfin de manger.
-Et moi? Dit-elle. Je ne me souviens plus. Où étais-je hier soir?
-Justement. C'est ça que je voulais te dire. Tu étais à mon côté, tout du long. Tu contemplais et tu prenais ton pied. Laurine nous avait prévenus que ta seule présence était plus forte que ses chants pour former le réceptacle. Et tu dois arrêter maintenant. Laisse-le repartir c'est fini, il doit sortir. Regarde, enfin, regarde ce que tu es en train de manger! S'il te plaît!
Elle reposa la caissette qu'elle tenait sur ses genoux et se sentit submergée par une énorme vague de nausée.
Les bouts de tripes et les éclats de visages, les organes flottaient selon leur densité dans le sang, couleur sauce. Elle lécha ses doigts et leur trouva un goût de foie de volaille.
« Et maintenant? Je suis sensée faire quoi? Implora-t-elle les lèvres tremblantes, encore rouges sur les coins. Justin avait deux larmes qui lui barraient les joues.