dimanche 8 mai 2011

Level 5 - partie 5 - niveau 2/2 et fin

Je savais bien que je te reverrais. Te fout pas de moi, tu vois partout. Ah ouais c'est pas faux.
Mais quand je suis avec toi je n'arrive pas à dire les bons mots, ils sont tous pour toi. C'est pour ça que nous devons nous battre me dit-il avec son air de défi des premiers jours. C'est évident. Et la guerre c'est quoi ? On se bat déjà pas assez ? Fais pas comme si tu n'étais pas diablement en colère contre toute cette connerie. Tu crois qu'on peut gagner une guerre quand c'est la guerre qu'on combat ? Tu n'as pas oublié, certains y arrivent, mais nous, les premiers rêveurs, nous ne pourrons jamais nous laisser derrière nous sans tout casser sur notre passage. Alors quoi tu veux te battre ? Vraiment ? Ça pourrait durer longtemps. Et c'est ça qui te fais peur ? Ouais, exactement. Tu crois que ce serait du temps perdu pour sauver ça ?
Il me montre les abeilles de soie qui dansent en cercles se faisant et se défaisant, avec des sourires carnassiers. Ils savent que cette trêve ne rendra le combat que plus terrible, mais ils préfèrent autant oublier. Certains tombent dans un sommeil paradoxal et se mettent en boucle pour faire des rêves. D'autres surbrillent jusqu'à s'en faire péter les néons. On ne peut plus ni les regarder ni les ignorer. La soie se déchire et les plis tombent toujours bien, à cause de la qualité du tissus.
Partons, dis-je. Nous avons du travail.
Je lui reprends la main, en essayant vainement de me convaincre que c'est moi qui ai pris la décision. Quand nous arrivons, il referme la grande porte à deux battants sur moi. Eh bien, tu t'es fait un nid royal, lui dis-je. Je l'attends à ce qu'il dise « c'est pour mieux t'y enfermer mon enfant » Mais l'humour a déjà duré plus que cela ne nous est autorisé dans le filet. Il est du genre à garder quelques interdits sous le coude. La salle est bardée d'écrans à la place des tissus. Des mirroirs noirs , remplis de tout ce qu'on ne voudrait pas y voir. Je me souviens de mon rêve.
Comment es-tu devenu le maître de cette ruche ? Mais je connais la réponse. Il m'attire sur le lit. Je fixe les écrans et me plonge dedans. Je vais sûrement ressentir du plaisir. Mais le plaisir existe-t-il dans le filet ? Oui m'assures-t-il. Les flash des pires éventrements que j'ai jamais eu à prodiguer me prennent la gorge. Je vole à en perdre l'haleine mais il me tient. Je veux l'emporter avec moi, nous faire nous envoler de toute cette merde, même si je sais qu'elle doit venir avec nous. Mais il me serre. Sa bouche remonte vers ma bouche et puis. Une douleur atroce me réveille d'un seul fracas. Ma hanche est brisée. Mon autre hanche. En miettes. Je hurle, je mets mes bras autour de moi. Je le regarde, je sais que mes yeux sont ridiculement écarquillés. C'est que ce n'est plus lui. Ou si vraiment lui. J'ai mal à en crever mais je sais qu'il le faut. C'est ainsi que cette putain de guerre pourra cesser. Mes hanches s'élargissent, ma tête ploie, ma mâchoire s’agrandit. Ma peau se cabme, durcit et sèche en même temps, et s'épaissit. Ce n'est pas fondamentalement désagréable, cette sensation piquante de nouveauté. Il prends le couleur désaturés des cieux, on peut presque voir au travers de lui. Mon ami. Mon rival. Il me chuchote des berceuses, celles qui attaquent, qui parlent des peurs fort pour les pousser à s'envoler. Et je m'en fout, d'être ce que suis. C'est je suis cette créature c'est que je l'ai cherché et que le grand tout est ainsi. Détruire le jeu, en créer un autre, partir, quitter celui qui m'a mordu pour mordre moi aussi. Niveau 5. Découper, faire trembler la terre du filet d'effroi, surtout. Alors je souffre mille des plaisirs les plus purs et avance dans l'immensité de la nuit su désert. Une troupe est là, et je ne sais où elle me mènera. Partie du grand tout, décidée à casser tout. Même eux, encore. Et moi, beaucoup aussi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire