dimanche 12 décembre 2010

Le Cureteur à Piston - 7

Jeudi 29 octobre 2009
Je vais beaucoup mieux ce soir. J'ai un peu discuté avec Laurine sur Internet, raconté pour Justin, pour mes blacks-out. On est protégés, derrière un écran, c'était plus simple. Après tout elle s'est aperçue que j'étais amoureuse bien avant moi. Je ne pouvais tout simplement pas parler avant. Je le déplore sincèrement, elle a l'air si distant depuis l'ouverture du trash up. Quand je suis sortie avec elle, tout à l'heure, il y a eu des moments de grâce, des moments ou je me sentais acceptée, que mon rôle était même requis, d'une certaine manière, dans ce manège avec Justin et Charles. Et j'oublie le reste. J'oublie toutes les choses quand Justin m'embrasse. C'est très déstabilisant de voir un tel gouffre dans un baiser, ça vous remonte aux recoins les plus lointains de l'être. Que ce soit trop ou pas, je veux me noyer dans ces yeux. Lorsque cela est assez fort, je n'ai même plus du tout peur en fait.

Muriel était un peu endormie le soir où Marie-Line commença la rencontre en demandant à un des membres comment se déroulait son expérience. D'une voix forte et sans agressivité, elle arrivait à faire parler tous les bénévoles. Muriel se disait qu'on était pas loin d'une assemblée des patients. Elle réfléchissait, pensait que c'était pas mal cette méthode de faire un avec son sujet, comme dans les films avec les tueurs en série. C'est làque Marie Line choisit comme de par hasard de dire qu'il fallait savoir se protéger des présences.

Muriel sortit de ses réflexions et pris la parole à son tour:

« Oui je vois tout à fait ce que vous voulez dire. Quand j'ai tous ces yeux braqués sur moi, enfin pas tout le temps, mais bon, ils risquent de beaucoup de me voir, moi ce que m'arrivent d'eux c'est toute la douleur qu'il y a dans leur absence, c'est peut-être les médicaments qui font ça. Enfin j'en arrive à ne plus penser qu'ils ne sont pas fous. Enfin, pas tant que cela du moins. »
« C'est normal que cela fasse peur. Cela ne doit pas vous empêcher de garder ce lien avec leur réalité renouer le contact avec elle, et les y amener. Vous ne croyez pas? »
Muriel plissa le font de tant regarder Marie-Line. Elle s'imagina la chasteté de cette femme et chercha un instant le lien avec le fait qu'elle fût si sûre de ses paroles. Au-delà de la sensualité. Pourtant Marie-Line ne portait pas de voile, on remarquait si on faisait attention, qu'elle était un peu sérieuse et pas très maquillée c'est tout. A part ça elle bougeait à travers l'espace et sa peau touchait l'air avec peut-être même un peu plus d'intensité que n'importe qui. Elle n'entendit pas son téléphone sonner, il fallut que sa voisine lui tapote l'épaule pour qu'elle se ressaisisse, s'éloigne sans rougir, mais la tête baissée vers son sac, qui contenait son portable. C'était un texto de Justin qui disait : « Rejoins-moi vite petite souris, on est au Trash up ». Le groupe produisit un crissement de chaise en se dispersant, chacun de nouveau absorbé par la route à faire pour rentrer, ou sortir...