samedi 9 juillet 2011

Cilda in horrorland - 5


Je suis les angles et mon nez et les angles de mon nez vers la colline qu'on voit dans ma fenêtre. Des bactéries géantes dévalent et le feu est en train de mourir. Leurs petites jambes toutes souples pédalent pédalent, tant et tant qu'il semblent glisser ou alors ils pourraient ramper en mode chenilles aux pattes. Je plisse les yeux mais même le feu mourant fait trop de lumière. Ils sont deux par deux, avec eux aussi de grands yeux, mais de petits sourires idiot fendus en émotion kawaï. L'un dans le bras de l'autre, l'un au dessus qui guide l'autre à grands coups de signes des mains et l'autre qui roule le tout sur la route : la force et le petit malin. Un violet et un vert pomme. Parfois il se mettent à se bastonner un peu, quand ils ne sont pas d'accord, et repartent avec leur deal. Je les regarde un moment, et puis je me dis que je vais les suivre un peu. De toute façon j'ai rien d'autre à faire, en attendant de savoir quel Pierre et quel Nick cave sont différents l'un de l'autre.
Ça m' étonnerais quand même que je me transforme en l'un d'eux. Mais ils me laissent marcher autour et puis longer les murs parce que quand même ils sont tellement absorbés par le fait d'essayer de trouver leur route au milieu de ce joyeux bordel. J'ai peur de déranger, bien sûr leur mission qu'elle qu'elle soit. Pauvres bactéries, je soupire. Je me souviens qu'avant, c'était peut-être des gens qui dansaient en haut de la montagne, avec nous. Je me demande où ils sont passés d'ailleurs, mes potes de la nuit dernière, pourquoi je n'ai même pas encore sommeil, il faut dire que les nuits et les jours se succèdent de plus en plus rapidement par ici. Je projette de me rendre aux fripes. Au moins je pourrais changer cette vieille paire de blue jeans dégueulasses que je me traîne et j'ai troué la nuit dernière. Et aussi vérifier que les fripes sont toujours là. Je demande mon chemin aux grandes paires de bestioles. Celle qui est verte, une du dessus me montre le bas de la rue sur ma gauche.
Les caniveaux qui longent mes pas tremblants de fatigue sont remplis d'un brillant fluide orangé. Je me met à crier « ça alors les mecs vous avez vu, des pépites d'or, juste là » mais les marcheurs qui vaquent, parlent du fin fond d'une langue qui ressemble à du Bulgarien, sans doute déjà mis au fait depuis plus longtemps. Moi qui croyais que c'était les rues du paradis qui étaient pavées d'or, mais visiblement, c'est un peu plus compliqué à Paris. A Paris, les passants sont tous des étrangers, mais presque, tout le monde sait ça me dit un type anglais en skateboard. Je ferais peut-être plutôt aller au travail voir ce bon vieux Nick, ce genre d'obligation est parfois assez salvateur.

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