dimanche 17 avril 2011

Level 5 - partie 2

Un jour je vous dirais comment on en est arrivés là mais il faudra arrêter d'essayer de comprendre. S'assoir et écouter sans le bruit des explosions. Si cela ne marche plus, je ne vois pas.
Non mais c'est dingue vraiment, comment tout s'est accéléré pour arriver ici dans ce marasme suspendu. J'avais vingt-deux ans et je n'avais pas vu mon corps régulier depuis cinq ans. Fini tout ça pour au moins un quart de l'humanité. Comme des plantes en végétation, mais pas faites pour la déco.
Je me souviens ma première connexion à l'école, la liberté, la toute puissance le sentiment déjà que c'était ça, pour ça que j'étais là. On se tirait dessus à qui mieux mieux, ah la douce adrénaline dans ces forêts avec les percées de lumière dans les frondaisons où mes parents n'avaient pas l'argent pour m'amener en promenade. Qu'il était bon et juste de se sentir ferme et impitoyable, enfin un homme avec le droit et le pouvoir de tirer droit au but, se consacrer tout entier à sa mission. Nous étions certains de devoir donner naissance à notre nouveau monde avec des batailles, toutes les civilisations viennent de là. Bien sûr.
Je passe prendre Joe à sa tête, lui aussi est déjà prêt. Il se consacre à organiser un minimum notre trajectoire. Après, eh bien , nous verrons bien qui décidera de nous suivre. Il touche avec délicatesse et précision le tactile de son avant bras pour obtenir les mises à jour des cartes. La transmission est lacunaire, certaines données datent d'il y a deux jour, autant dire une éternité vu la vitesse à laquelle la peur a infiltré le camp. Mes wuffies sont totalement à plats, aucune nouvelle de l'extérieur. On le paye par ici de tomber dans l'apathie post traumatique et j'avais été un peu trop loin dernièrement. Joe me propose sa direction. L'ouest. Quelle ironie, jusqu'ici la menace vient toujours de là.
Je rassemble une fois de plus les pitoyabes reliques qui composent ce que les soldats d'antant appelaient leur bardat. Il faut quitter ce lieu nauséabond déjà empli de cris et d'images impossibles. Cette femme accrochée à la jambe de son homme mort depuis deux jours dont la décomposition prendra forcément une tournure virale. Cela me glaçe plus que je ne l'aurait avoué. Sa peau devenue translucide et que quelques heures laissent maintenant apparaître des os noircis dont les excroissances acérées ne présagent rien de bon.
Et ces constantes déflagrations me rappellent à l'ordre. Un ordre qui s'est fait mien par inconscience, par une vision beaucoup trop nette de la tournure de notre fin du monde.

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