dimanche 6 juin 2010

La Petite Thanathoïde - 4

Dring. Elle se lève, ça ne tourne même pas. Ce n'est pas lui, c'est la folledingue de voisine et son petit chien. Elle au moins elle est maigre, on supporte de la voir. Elle ne demande rien d'autre que du thé et une oreille.

"Blablabla bla bla
et
Je sais tirer les carte moi, je vous le ferai un jour, et bla et bla et bla
Sacré vent"

"A croire que le printemps n'arrivera jamais cette fois"

Le couple d'à côté ils font un sacré raffut.

"ah oui je sais. Ils me font peur. L'autre nuit j'ai entendu un cri un coup et puis plus rien."

-et l'autre fois, celui qui avait son chien blessé, il y avait du sang dans le couloir enfin dans l'entrée, en bas. C'est les mêmes?"

-non. Ce n'est pas lui.

-ah bon."

-Vous savez c'est dûr mais je sais de quoi les gens vont mourir. A chaque fois que je les croise, il suffit que je les touche."

Elle lui dit ça comme ça. Sans attendre de réponse.

"je vous crois. je dis pas que je vous crois pas. »

"Au début c'était bizarre, quand j'étais une petite fille. La première fois j'ai vraiment cru que c'était ma faute. Mon oncle qui a eu un accident de voiture. Mais non c'était pas un rêve non plus. Ce qui est dur c'est qu'on peut rien changer à ça, prévenir ou des choses de ce style. Vaut mieux pas en parler."

Pourquoi ça tombe sur elle. Cette peau ratatinée et ces cheveux mal teints et cette odeur pourrie de vieux caniche (assez sage cela dit) qui se traîne sous la table et ces mots qu'on n'entend jamais en vrai. Et pourtant là, elle la croit. Elle ne demande pas. De quoi elle va mourir elle. Elle sait, elle décide et de toute façon elle s'en fout.

"Vous savez, j'ai déjà croisé votre petit ami.

-Ah »

Il ne rentre pas alors tant qu'à faire autant s'occuper, non. 18h45.

« Oui. Il est mignon. »

Les regards durs et désabusés se croisent un instant. Elle cesse de divaguer et se représente ses paupières tombantes, ses longs cils et les yeux gonflés, les épaules fines.

« mais je ne vous vois pas avec lui. Il a l’air absent.

-ah bon. Mais je ne crois pas

-Si une femme comme vous il lui faut un garçon avec du caractère »

Là ça l’énerve franchement. Elle tremble légèrement dans sa cheville.

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