jeudi 17 juin 2010

La Petite Thanathoïde - 7 et FIN


Elle plonge ses yeux dans la flamme et songe à comment ses pupilles à lui se rétractent en s’approchant. Elle voit rouge rouge elle boit la couleur comme un doux poison qui la réchauffe.


Elle est par terre, son verre est fini sous la lumière du lampadaire. Haha, elle est économique au moins. Elle tâtonne et sa main rencontre une lame. Elle la serre contre elle, la fait rouler sur son ventre, son cou, et l’embrasse avec ferveur. Sa présence est évidente et familière, son contact plus rassurant que toutes les mains qui se soient posées en étrangères sur elle. « Chère chère lame berce berce moi » murmure t-elle en la sentant au plus profond de son estomac.


Son lendemain c’est aujourd’hui. Enfin. Elle reste derrière la porte, assise en tailleur avec son disque préféré en boucle. Elle tient le couteau entre ses jambes repliées et se souvient. Du soleil sur la voiture, du rocher où ils lisaient, des silences et comment il est de dos dans la rue. Beau comme une fille comme on dit bêtement.


C’est lui.


Les mots sortent tout seuls à partir de maintenant. Les ailes ont repoussé, elle se dresse tendue et fière sa peau ne fait qu’un avec la pièce avec lui, avec la lame. Un flot de bouillasse se fraie un chemin entre ses lèvres crispées. Ce n’est pas elle, elle sait bien qui lui dicte ces belles saloperies d’horreurs sans nom. Disons qu’elle a apprit à la connaître, elle sait maintenant. Quelle tête il fait elle en a rien à foutre. Il pourrait très bien ne plus avoir de visage du tout, et c’est sans doute le cas. Comme c’est simple quand on se laisse guider, la force n’appartient à personne


La lame glisse la lame perce la lame déchire la lame hurle la lame saigne dans un éclat miraculeux. Elle peut même s’imaginer dans ce bain noir rouge bordeaux à la senteur puissante, avec un petit effort. Il gémit, il coule, il l’inonde et de soupir en soupir retrouve le silence du disque qui tourne toujours.


Comme elle en a rêvé de ce moment. Comme c'est de savoir ce que ça fait, de prendre tout, tout et n'être plus rien. Elle sourit les fleurs derrière la vitre n'auraient jamais du arriver. Elle a même envie de prier une herbe folle dans la main de crier à son seigneur de sauver son âme. Dessiner des croix sur le non visage de lui, elle rit fort incongrûment en battant les flaques de ses pieds maigres. Elle met son cuir, son bandana, ses docs, et sort le visage peint avec la vérité, en plein milieu de ce nouveau soleil écrasée par la sirène de ses rêves, et laisse un sillon sur son passage.


FIN

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