jeudi 10 juin 2010

La Petite Thanathoïde - 5



Essaye le plus fort possible de sentir ses mains, son souffle sans que son estomac se contracte. Elle essaye sa mémoire, encore, des éclipses des gouttes qu’il faisait suinter de son dos avec la petite lame de sa passion. Elle serre les dents et il tire ses vêtements sans voir ses cuisses se serrer et son souffle accéléré par la peur passe pour autre chose. Vite vite elle se replie. Crie " y a quelqu'un merde!" tape tape sur le matelas de ses poings et de ses pieds, se tord. Elle s’est faite avoir ça doit être ça.
En tout cas. Elle l'a vue. C'est pas lui. Elle est passée vite devant la glace en rigolant, en l'encourageant. Mais comme toujours ça ne fait que bruisser son oreille à elle.
« Arrête avec tes conneries ça t'amuse ou quoi? il n'y a rien ! »
Mais non il ne lui dit pas ça il contemple. Embrasse comme un forcené ses traits tirés déformés par les hurlements d'angoisse. Il la laisse se faire gonfler les paupières jusqu’à ce qu’elle se donne des yeux de momie, sans un seul mot en la contenant, la berçant.
« Mais merde !!! Parle moi à la fin ! J’en peux plus j’en peux plus j’en peux plus »
Elle se jette sur lui fait valser les oreillers piétine encore et encore le cœur mou de son amour. Elle court sur la moquette se griffe le prend le pousse . Puis elle se pose à l’autre bout du lit, là c’est d’elle qu’elle est dégoûtée mais elle doit changer de tactique. Les trucs qui font peur, il aime bien ça non ? C’est lui qui voulait, les premières fois, le sang, le cou serré et l’entendre se débattre, après tout.
La moquette est bleu pâle mais la lumière rouge toute crue. Des objets sont écrasés dans tous les sens. Les motifs de la couette s’étale dans leur splendide absurdité, à se demander où les personnes qui les ont dessinées avaient la tête. Des tonnes de livres incompris prennent la poussière dans des caissons en bois improvisés au fond d’un garage l’été dernier.
« Tu sais la voisine me l’a dit. »
Miracle
« dis quoi ? »
Une femme est morte ici, il y a deux ans. Je sais ça sonne conte d’horreur mal tourné. Mais ça explique peut-être bien tout ça. Je sens un truc pas clair ici je te jure. Tu vois pas toi que ça nous surveille tout le temps. »

Elle n’a pas besoin en fait qu’il lui réponde ni ne fasse des yeux différents de ceux qu’il lui sert quand elle le torture « oh oui je déteste ça mais vas-y parce que je t’aime, j’attendrai la fin, quoi que cela doive coûter ».

Quand elle voit ces yeux-là elle préfèrerait voir des orbites toutes creuses que ça, un chien, exactement comme ça. Un livre peuple plus une pièce que lui.

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