dimanche 11 juillet 2010

Claire dans la Nuit - 2


« Alors, ça t'excite?
-Ah ben c'est malin, tu m'as fait bouger. »
La brume avait fait place à un soleil frais et caché derrière des vagues buissons, je traquais une petite assemblée sombre, vêtue de noir, groupée derrière un trou marron. Je me demandais si mes clichés pourraient attraper leur tristesse ou alors faire revivre quelque chose de son objet.
« Je me demande pourquoi elle pleure la daronne. Tout le monde sais qu'il sautait la voisine
-Tu le connaissais?
-Non, et toi? »
Nous explosâmes de rire, les mains écrasées sur nos bouches. Claire fit voler ses cheveux sombres autour de ses épaules nues et se mit à danser entre les allées, en faisant balancer ses bras comme des serpents. Mon appareil pendait contre ma poitrine. Je n'osais jamais la prendre en photo, surtout quand j'en avais envie en réalité. La lumière passait derrière elle et j'étais certain que jamais cette beauté révoltante, qu'elle semblait n’ignorer qu'à moitié, ne serait égalée. Notre cimetière était encore feuillu. Les pierres anciennes, usées et moussues côtoyaient les neuves, polies, luisantes, mais déjà grises. En toutes saisons, les feuilles mortes couvraient le sol et l'herbe verte apparaissait par touffes. Le tout présentait l'aspect d'un chaos énigmatique, paisible. Je lui pris la taille entre mes mains et elle continua de tourner en gardant ses yeux bleus, presque blancs à la lumière, dans les miens, sauf quand il fallait bien qu'elle ramène son visage, pour suivre son corps.
« Allons-y » lui chuchotais-je, une fois que je réussis à la renverser haletante entre une dalle et un pot de fleurs bleues. Elle attrapa son sac mou, qu'elle avait laissé en tas discret et me présenta fièrement nos provisions pour la nuit: trois bouteilles de vin et une boîtes à bijoux remplie d'herbe. Et voilà comment nous nous retrouvâmes dans la pénombre, affalés et allumés, entre deux chênes. La nuit était tombée d'un coup sur notre conversation, comme si elle avait trébuché sur la colline.
« Adversité de l'absurde, balivernes biscornues, cicatrices caricaturales, démonstrations dissonantes, équilibres éthérés, fournaises faméliques, galipettes gargantuesques, hégémonies harassées, Insinuations indolentes, jacuzzi en jachère, kiprokos kapricieux, liquides légendaires, myriades masculines, noyau neuroleptique, obsession orbitale, potion pacifique, quantité quantique, ruine repentie, station surannée, taverne transie, unique usurpateur, ventre vagissant, white why x yellow zoo. »

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